Panorama des principales éditions des œuvres de Rutebeuf. |
Manuscrits : C, fol. 19 r° ; B, fol. 68 v°. |
Texte, graphie et alinéas de C sauf suppression au v. 207. |
Graphies normalisées : ce, v. 196, 212, 259, 263, 268 ; cel, v.188 ; c’il, v. 77, 160 ; ces, v. 102, 241 (deux fois), 242, 269 ; c’est, v. 268. |
Alinéas de B : comme C, sauf en moins aux v. 21 et 303, en plus aux v. 47, 71 et 307. |
Titre : B Le dist d’ypocrisie — 1 B Ou t. — 8 B le chaud e. — 11 B Ei ge bien a — 16 C Mais e., B Mais mes espris — 19 B o. que m’avint ou s. — 20 B fu une m. — 23 B maint leu et par maint p. — 26 B C. mont f. — 28 B preudon — 30 B Si ne — 31 B debonaire — 33 B Ainz vous di bien t. — 37 B me m. — 46 B diz — 47 B Rutebues ; B biau — 53 B devroit — 54 B musarz — 58 B p. doit qu’ipocrites dieu — 59 B ypocrite — 62 B Et mq. — 64 B Quil — 66 B crueus et felons — 67 C un autre — 68 B A qui — 69 B Que les — 70 C Cil sunt boen qui s. — 71 B r. le b. — 73 B Et si v. — 74B Et mq. ; yposicrisie — 75 B t. qui il — 77 B ont c. — 81B Ne s. pas li redismes — 82 B deismes — 83 B Contees a po de — 85 B que tens fu — 86 B Que b. se — 90 C mq. — 93-94 C mq. — 96 B furent — 105 B gent — 115 B cil — 116 B Si tost com — 117 B Car qui veut b. c. avoir — 118 B Il a. — 121 B et les conforte — 125 B que f. — 126 B vient — 130 B Nelui pour d. n’i c. — 131 B a cest ci — 134 B p. est ce est p. — 139-140 C mq. — 141 B avoir — 144 B mq. — 149 B avroiz — 151 B A. l’eue sur — 156 B qu’a t. — 157 B rungent — 160 B puet r. ou p. — 161 B rungier — 164 B Qui en v. — 166 B La p. — 167 B bon denier — 169 B Et do domage que — 170 B Que ; laite — 171 B sot livres — 172 B est delivres — 174 B p. c’on l’en d. — 175 C matei ; B m. en sa langle — 180 B Il s. atret — 181-182 B mq. — 187 B cort — 190 B em mq. — 194 C ces geux qui — 200 B Car a. — 205 B remest sanz — 209 B l. si sont 215 B Si s’a. — 221 B veil — 226 B N’a pooir deseure — 232 B n. chape — 234 B L. oi ge — 236 B que ne r. — 237 B me gardoit — 243 B Sor t. et ce qu’e. — 246 B Qui que deüst le cuer d. — 247 C Il ne lor chaut mais qu’il lor pl. — 255 B nus se il li m. — 260 B serpens ne huivre — 264 B li glaçons — 265 B Qui plus est — 270 B p. len p. — 271 B de p. — 274 B t. que ja r. — 281 B de li l. — 282 B devroit bien — 294 B d. devin — 295 B mesnie — 296 B desranie — 300 B crudine — 302 B espaorie — 303 B dieux mq. — 306 B Et que si — 307 B esloignant — 308 B mq. — 310 B encourir — 314 B Je fui moult de — 315 B Si merveilla— 316 B si oi t. — 317 B Mongeu oez moi — 318 B met — 319 B Que... parole — B Explicit d’ypocrisie. |
[1] 1-9. On est donc au début de l’automne.
[2] i, hors de terre (sens à dégager du vers précédent). — La leçon chaut du ms. B est plus claire et peut-être la bonne.
[3] 8-9. Entre parenthèses pour la commodité. Mais en réalité le v. 8 est une relative (= et qui i ont) faisant suite à la précédente ; et le v. 9 continue la temporelle (Au tens que, v. 1) déjà reprise aux v. 4 et 6.
[4] Ou = Oi, « J’eus ». Forme habituelle dans le ms. C (cf. v. 234 et 316).
[5] Que, amené par un. « Un vin tel [qu’on pouvait croire] que Dieu... ».
[6] geta, le sujet est vin. — Ce soir est complément de temps, comme au vers 21.
[7] Il y a opposition : c’est pourquoi C et B donnent Mais. Toutefois, dans C, l’absence d’un possessif est choquante (cf. v. 22) ; et dans B, la réduction de esperiz à espris n’est pas conforme à l’usage de Rutebeuf (cf., ici même, v. 22). L’asyndète peut suffire pour marquer l’opposition : nous avons donc imprimé Mes (adjectif possessif).
[8] « Qui, depuis, se trouva vérifié ».
[9] A Rome.
[10] 33-36. Voir la Notice.
[11] 54-61. Cf. G 15-18 et note.
[12] « quel est celui qui... »
[13] En redoutant, complément de escoute.
[14] 62-66. Par interprétation de ce qui est dit dans l’Évangile de Jean, XIX, 38-39.
[15] a riegle, « selon une règle, à l’intérieur d’un Ordre ». Les adversaires des Frères contestaient qu’ils pussent former un Ordre tout en vivant dans le siècle.
[16] plaidoient, indicatif présent de plaidoier.
[17] li redeime : ici, sans doute, « le dixième du dixième », c’est-à-dire « le centième ». Voir cependant, sur le sens de redecima l’article de L. Voet (Bulletin Du Cange, t. XX, 1950, pp. 232-244). La forme redeimes est une graphie propre au ms. C (dans B : redismes). Le mot (comme disme dans AT 318, cf. ci dessus, v. 51-52 : veïsmes : rimes) rime correctement avec meïsmes. Il compte ordinairement, comme ici, pour trois syllabes (Godefroy, VI, 702). Dans X 105 et AW 24, il compte pour quatre ; mais, dans ces deux cas, le ms. B est seul témoin ; et, dans le second, au lieu de ne redeïsme, on lirait mieux ne la redeisme (= redisme).
[18] Conteiz se rattache à seroit (v. 81) : « ne serait pas rapporté ».
[19] envoiames le jor, « passâmes le temps ». Seul exemple signalé de ce sens.
[20] Vers suppléé d’après B, comme l’exige la nécessité d’une rime.
[21] « On ne rencontre pas toujours un pareil hôte. »
[22] 93-94. Vers suppléés d’après B, comme préparant ce qui sera dit aux vers 109-110.
[23] cist, ceux de Rome.
[24] 117-198. Sur la vénalité de la cour de Rome. Thème abondamment traité depuis le XIIe siècle. Cf. Lehmann, Die Parodie im Mittelalter, pp. 43 ss., et toute la série des poèmes goliardiques, notamment le célèbre Utar contra vicia (Carmina burana, éd. Hilka-Schumann, n° 42).
[25] « Qui leur donne, celui-là leur plaît… »
[26] « donner comptant sans s’en tenir à une simple promesse ».
[27] avoir ou metre la main, « avoir de quoi dans sa bourse ». Cf. Droit au clerc de Vaudoi, p. 144 (« s’il a ou metre la main »).
[28] tel droiture, « un pareil genre de droit ».
[29] Cf. v. 173, et note.
[30] Si, « Et pourtant ».
[31] 139-140. L’absence de ces vers dans C doit provenir d’un bourdon (chate, cheté).
[32] pilliez est le plus ancien exemple de ce mot. — Le vers est obscur ; il manque malheureusement dans B. A supposer exacte la leçon de C (l’écriture semble indiquer ici une hésitation), on aurait en « roi, di c’offre », qui serait une allusion à quelque usage. Cf. le Couronnement de Renart, v. 2657 ss., où les sujets de Renart, nouvellement élu empereur, se présentent porteurs de cadeaux et lui demandent : « Sire, volés vos nule rien ? » Mais la construction avec en n’est pas naturelle.
[33] 151-153. « Vous n’en ferez pas plus que l’oie glissant et ne pouvant avancer sur la glace, avec cette différence qu’on se moquera longuement de vous (littéralement : vous aurez tout le temps voulu pour qu’on se moque). »
[34] la terre, « Rome ».
[35] touz povres (ms. C, mais a touz dans AK 92) en construction directe : cf. Tobler, Vermischte Beiträge, I, n° 30, p. 174, note.
[36] Cf. v. 161. Selon la fameuse interpretatio per syllabas de Roma (Roma rodit manus) rappelée par Fauchet en marge du ms. B. Cf. Hauréau, N. E., t. VI, p. 140 ; P. Lehmann, Die Parodie im Mittelalter, p. 78 ; etc. Correspondants français dans Tobler, Verm. Beiträge, II, p. 225. Ajouter Gautier de Coinci, Léocade, 923 et 927 : « Romme nos ret toutes les mains... Tout le mont masche Romme et runge. » Le ms. B donne runge (v. 157) et rungier (v. 161), faisant deux vers faux. Mais les formes raüngent et reüngent de C, qui ne vont d’ailleurs pas avec le rungier du v. 160, sont aberrantes.
[37] Cf. G 63 et note.
[38] argent sec, « argent en pièces de monnaie ». Ce sens ressort bien du texte d’Étienne Boileau (éd. Depping, p. 351) ne permettant de jouer que des oublies et non de l’ « argent sec ». Cf. Saint Nicolas, v. 870 ; sans qu’il soit question de jeu, Baudouin de Sebourc, VIII, 1121, et chez Rutebeuf lui-même, BF 125-126. Mais le sens a ensuite glissé vers celui d’ « argent comptant », comme le montre un texte de Beaumanoir, Cout. de Beauvaisis, chap. LXVIII, 7, où a deniers secs s’oppose à a creances ; et aujourd’hui « argent sec » = « argent comptant ». Aux exemples de deniers contans donnés par Godefroy et par le T. L., ajouter P 2.
[39] l’ renvoie à pairimoinne (v. 166) ou, plus vaguement, représente la notion d’une chose qu’on achète.
[40] achate chat en sac, au figuré « achète sans vérifier la livraison, à l’aveuglette ». Expression proverbiale (cf. Morawski, n° 1489 ; Leroux de Lincy, t. I, p. 100 ; Hauréau, N. E., I, 199 ; VI, 69 ; Joufroi, 1674 ; Adam de la Halle, Jeux partis, éd. L. Nicod, XII, v. 15 ; Perrot de Neele, dans le Recueil de jeux partis, p. p. A. Långfors, XLII, v. 50 ; etc.). Peut être, originairement, parce que les chats, dont la fourrure avait son prix, se livraient dans des sacs que l’acheteur, par crainte des griffes, n’avait cure d’ouvrir au moment de l’achat. — Au v. 138, l’acheteur non seulement est trompé sur la marchandise, mais ne trouve rien dans le sac.
[41] 174-175. eschac, mater en l’angle, termes du jeu d’échecs souvent pris au figuré à propos d’un revers de fortune causé par la sottise de la victime ; cf. AH 17 et 22 ; AU 6-7. — Ici, le sens général apparaît suffisamment : « Rutebeuf dit que c’est sottise d’acheter chat en sac et que, lorsqu’on dit échec d’un joueur maté en l’angle, ce qui arrive c’est qu’on ne tient nul compte de ses récriminations. » Pour le terme de folie, qualifiant la maladresse d’un joueur, cf. Rose, v. 6714 ss. : « Au jeu de la prumiere assise, ou li reis perdi, comme fos, ros, chevaliers, paons et fos ».
[42] Que dépend de avient ; — sa, « de celui qui a acheté chat en sac ».
[43] il, « ceux de Rome ».
[44] de son ancestre, « de l’ancêtre qu’elle est (l’Avarice) ».
[45] « Elle est des plus en vue de la ville. »
[46] 191-192. Cf. ce proverbe du XVe siècle (Leroux de Lincy, I, 198) : « Ceux qui viennent de Rome valent pis que devant. »
[47] adestrer, se placer à la droite de la personne qu’on accompagne. Ici donc sont a destre = « sont en situation de subordonnés ».
[48] se n’est d’eux, « sinon pris parmi eux » (dans le parti des hypocrites : voir la Notice).
[49] Ce qui serait déplorable.
[50] « Il n’y a plus de saint Pierre (jeu de mots avec Père) ni de saint Paul (c’est-à-dire de chef de l’Église), et c’est pourtant un peu leur affaire (d’en élire un) ».
[51] Ici cessent les explications de l’hôte et commencent les observations du visiteur.
[52] 221-222. Pour la rime, cf. F 133-134.
[53] ceste, «celle que je portais ».
[54] 227-234. Faut-il voir là le costume d’un notaire pontifical (cf. v. 242) ?
[55] marmite. Cf. Gautier de Coinci, Sainte Léocade, éd. Eva Vilamo-Pentti, v. 1012, et note.
[56] « Aux regards de qui m’aurait jugé sur l’apparence ».
[57] 245-290. Réquisitoire contre Hypocrisie, où sont repris des griefs énoncés ailleurs par l’auteur contre les Frères.
[58] 245-248. Quatre vers qui, aux deux premiers mots près, sont déjà dans F 135-138. — Au v. 247, li (B) est grammaticalement préférable au pluriel lor (C) puisqu’il s’agit d’Hypocrisie. Toutefois une négligence par accord ad sensum (Hypocrisie = les hypocrites), même anormal, ne serait pas impossible : cf. un cas analogue dans J 84.
[59] a refoule Marion, « à s’en gorger ».
[60] non, « réputation ».
[61] s’, « et pourtant ».
[62] 258-259. le, son ennemi, idée à dégager du v. 255. Elle recommencerait son crime autant de fois que la victime, s’il était possible, ressusciterait.
[63] 264-265. Par allusion à un proverbe : Cf. E 29, et note.
[64] hons ne fame, locution = « personne » ; cf. Q 94 ; J 144. Au positif, l’ome et la fame (AE 291) = « tout être humain ».
[65] il, « quelqu’un », à dégager de hons ne fame du v. 266.
[66] « se met à porter ses armoiries, s’est rangé à son parti ».
[67] lair (C), len (B) : deux leçons également obscures.
[68] respondre, « résister ».
[69] Au v. 281, lui = soi (comme il arrive surtout après une préposition). — L’idée du passage est : « Celui qui aurait la chance d’être satisfait de lui-même [par vaine gloire] ferait bien de s’en cacher et [hypocritement] de revêtir une robe non voyante, mais où il aurait toutes ses aises... ». Cf. AE 148 et note.
[70] 286-290. De la supposition (v. 280-285) l’auteur passe à l’idée d’une réalité constatée : d’où l’indicatif au lieu du conditionnel.
[71] avoir Dieu : cf. E 95 et note.
[72] je, Rutebeuf ; cele terre, la Terre de France.
[73] 294-295. decretistre, devin : cf. F 69 et note. — a la court, celle de Rome. — Parmi les huit cardinaux qui s’y trouvaient alors l’on comptait Hugues de Saint-Cher, de l’ordre des Frères Prêcheurs, Eudes de Châteauroux, Jean Gaëtan, le futur Nicolas III, qui, en son enfance, avait été voué à saint François par son père, lequel était du Tiers Ordre, et Jean de Tolleto, cistercien. Tous les quatre avaient été chargés en 1256, d’examiner le De Periculis et d’entendre Guillaume de Saint-Amour dans le procès que lui avaient intenté les Frères Prêcheurs. Les deux premiers étaient des théologiens réputés : l’on a de leurs écrits.
[74] 297-298. « qu’elle disposait, pour une élection, du plus grand nombre de voix ».
[75] « Si l’on avait procédé à un vote » (sous la réserve qui viendra plus loin, v. 309, à savoir qu’ils étaient divisés entre eux).
[76] 309-313 et 318-320. Voir la Notice.
[77] Les Alpes (par le Saint-Bernard).
[78] n’ explétif après un verbe de négation.