Panorama des principales éditions des œuvres de Rutebeuf. |
Manuscrits : A, fol. 304 v° ; B, fol. 61 r° ; C, fol. 52 r°. |
Texte et graphie de A. |
Titre : A La griesche d’esté, B La griesche d’yver, C Ci encoumen li diz de la griesche d’yver — 1 B C. l’yver ; BC aubres ; B despuielle — 2 B Qui ; BC en aubre f. — 3 B Ne voit — 5 BC tote (C toute) part — 10 B sen ; mimoire — 16 B foiees sen — 20 B le sot — 22 C sus m. — 25 B n. rien ne ; AB essui — 26 B pluis moil et p. — 28 BC dor — 29 B De mon cuer ne sai pas la s. — 31 B fit — 34 BC Ausi ; B o. blanche — 35 B sus — 37 B guermente — 38 B despuel, C despoille — 40 B velin — 43 C enviauz ; B que j’envioie — 45 C fors voiié — 47 B anviez — 50 B Tot va tot vient tot avenir c. — 52 B dicier, C detier ; B m’ont — 53 B Mlt de — 55 B me gaitent — 63 B Mlt me — 64 B Le siegles e. s. plaint — 65 C la g. — 67, 68 B intervertis — 67 B Que de p. san — 68 A ne mi l. — 69 B guerroie — 70 B me desroie — 72 B Par cest m. — 74 C et empeschié — 76 B qu’a son c. — 83 B li remambre — 84 C lou s. — 90 B tricherie — 92 BC Car v. or — 93 BC Dou d. — 98 B Qui n’a sor toi ne linge ne l., C Qu’il n’at sor toi ne l — 100, 101 B intervertis — 101 B apercevront, C aparsoveront — 103 B i. departiras, C te partiras — 105 C ai ma p. — 106 B Ici, C Ensi ; BC chacuns vers moi ; C s’espaie — 107 BC Si n’en — A Explicit la griesche d’esté, B Explicit la griesche d’yver, C Explicit. |
[1] L’erreur du ms. A quant au titre est manifeste. — Griesche. Voir, sur le jeu lui-même, Semrau, pages indiquées à l’index.
[2] 1 et 6. contre, « à l’approche de, à l’entrée de ».
[3] por, « à cause de », expliquant les vers 8-9.
[4] Cf. AM 81, et note. Expression fréquente pour parler métaphoriquement d’un changement de situation (en mal). Cf. Roman de la Rose, v. 3761, 9483, 11221 ; Prestre et Alison, v. 381 ; Jean de Condé, Dit de la candeille, v. 62. Le sens en est altéré dans la Violette, v. 1454 et surtout 6137 (= « Si je ne me trompe ») et dans un ms. de Fauvel (éd. Långfors, Appendice, v. 470).
[5] « sur un triste sujet ».
[6] Faute de braies (laissées en gage).
[7] le, prolepse : « la griesche m’a tenu parole pour tout ce qu’elle m’a promis ».
[8] Donc « me rend plus que je ne lui ai donné ».
[9] i sui = « je suis en pauvreté » et, amené par l’idée de « logis » que suggèrent les mots « porte ouverte », « je suis chez elle ». D’où le sens du vers suivant : et jamais je ne m’en échappe (de chez elle) ».
[10] Cf. AT 1262.
[11] Parce que le froid le réveille.
[12] Qu’, « car ».
[13] si annonce la consécutive (sans que) des v. 32-33.
[14] 32-33. Cf. AJ 11-12.
[15] Comme la tige d’osier sauvage, qui se balance au vent.
[16] 36-37. Se rattachant à l’idée du v. 35 ; les v. 38-39, à celle du v. 34.
[17] ne venin ne fiel, « rien de mauvais (et pourtant il ne me reste...) » [Henry]. Peut-être : « je suis sans amertume (je me résigne) », songeant que, selon la loi du monde, tout passe et s’en va (cf. v. 42-51).
[18] envial, enviail. Terme de jeu. Au propre, « enjeu » (Semrau, pp. 65 et 84-88), d’où par extension « partie qu’on propose, défi », d’où encore l’emploi au sens figuré qu’on a au vers 47 (cf. AV 159). Au vers 43, le mot (à cause de savoie) implique l’idée de « ruse de jeu » : cf. Tilander, Lexique, p. 65.
[19] 49-51. Glose sur le proverbe « Tout passera fors que biens fait » (Morawski, n° 2407 et variantes ; Le Roux de Lincy, II, 327).
[20] 58-59. Cf. AL 79-81, où, indépendamment d’un vers identique, les mêmes rimes amènent une même association d’idées. — Pour Je n’en puis més, voir E 54 et note.
[21] Cf. E 56 et note.
[22] Li trahitor, « les trompeurs, les dés ».
[23] en mauvais leu. Cf. D 43 et note. Peut-être l’expression implique-t-elle ici (peut-être même dans D), par euphémisme, l’idée de prison, à cause du vers suivant. Comp. mauvais liens dans BF 167.
[24] Proprement, « je les déclare quittes », ici « je ne m’en occupe plus, j’y renonce » : cf. v. 76.
[25] abite, « reste, continue d’obéir ».
[26] il, ainsi que dans les vers suivants, au lieu du je dans ce qui précède, s’explique comme se rapportant au qui (celui qui) du v. 76.
[27] Allusion au proverbe : « Tant as, tant vaus, et je tant t’aim » (Droits au clerc de Vaudoi, pp. 134 et 144. Cf. Morawski, n° 2282).
[28] devant. Malgré le présent claime, plutôt « auparavant » que « par devant ». — Il s’agit des parents qui se désintéressent d’un parent pauvre ou ruiné (cf. Q 13-23).
[29] 88-104. Cf. Q 13-32 et AM 110-133 et notes.
[30] faut traime. Cf. Q 3-5 et note, et AL 9 et note. Ici, figurément, « les ressources manquent » ; mais l’idée de trame, qu’elle implique, amènera celle des vers 91-93. — Par lecherie, « par l’effet de l’inconduite ».
[31] Cor, équivalent du car renforçant l’impératif. — Draperie, quartier des drapiers, à Paris, sur la rive droite de la Seine, face au milieu de l’Ile de la Cité.
[32] acroire, « acheter à crédit ».
[33] croire, « donner à crédit ».
[34] Change, sur le grand Pont, où étaient les banquiers, lesquels avaient aussi des comptoirs dans les foires. Voir H. Guéraud, Paris sous Philippe le Bel, p. 377.
[35] 98-99. Allusion à l’usage de nouer l’argent dans un pan de sa chemise (ici, lin) ou de son manteau (ici, lange) ; exemple : Du prestre et des deus ribaus (M. R., t. III, v. 74-82, 112-113).
[36] 100-101. « On te trouvera homme de bonne mine et l’on te distinguera » (dit ironiquement). Même antiphrase dans BB 103 ; dans la Rose, v. 11979 : « Ci a beau sergent » ; et, de façon analogue, dans le Prestre et les deus ribaus, v. 217, où il s’agit d’un cavalier burlesque : « Molt ot en lui biau soudoier pour aler en guerre ostoier ».
[37] creüs seras. Jeu sur deux sens : « On te croira (quand tu jureras que tu n’as pas un sou) » et « on te fera crédit » (ce dernier point étant ironique).
[38] faille. Jeu sur deux sens : « sorte d’étoffe ou de vêtement » et « manque, échec », c’est-à-dire, en forçant l’expression, « rien ».
[39] a sa paie : le sujet est le personnage dont le sort est décrit depuis le v. 76. Dans C, le vers se rapporte à Rutebeuf.
[40] Cf. v. 58 et note.