Panorama des principales éditions des œuvres de Rutebeuf. |
Manuscrits : C, fol. 10 r° ; R, fol. 25 r° ; T, fol. 365 r°. |
Texte et graphie de C. |
Graphies normalisées : c’estoit, v. 15 ; Ce, ces, ce, v. 40 ; cens, v. 98 ; cil, v. 132 ; C’il, v. 134 ; cil, v. 135 ; ces, v. 141 ; Ce, v. 150 ; Cil, v. 159 ; ce, ceiz, v. 171 ; ceiz, v. 208. |
Titre : R Se commenche li dis dou croisier et dou descroisier, T mq. — 1 C Remei — 3 RT engrami — 4 R Les gens — 5 R Accre — 7 RT Si pries sont ja — 8 T Quar e. p. — 10 T desvoie — 11 T Con chis qui l. ; R ki lui — 12 R pensé ; T que je a. —13 R forte — 16 R Une gens — 17 T tex q. — 18 CT seivent — 19 R se v. ; T enbatre — 20 et 21 T mq. — 20 R Par un v. d. un b. — 22 R Quar — 23 T enbatre — 24 R toit, T tost ; T or mq. — 27 T Ke — 28 R Descendi p. m. esconser — 29 R Et disent, T Et dissent — 30 RT m. que v. — 35 RT li e. (T esprise) — 38 T la m. ne vaut t. — 39 R mestrie — 40 R se peuïst e., T i powist e. — 43 RT ciertainnement — 44 RT le sens — 48 C ja mq. — 49 RT et counois et — 52 T Ke — 53 T S’on h ; RT mil ans — 54 T t. d’avoir — 55 T O se — 58 C teiz paroles ; R P. q. dittes telle p. — 59 R consilliés — 60 RT Giete (T Jete a) ; R p. se — 62 C parole, R pailloile, T pignole — 64 R Vesci un m. ; T Chi a un m. — 68 C q. cens r. — 69 RT ne sais — 70 T Ke je d. ; RT le mq. — 71 T wangne — 72 C les d. ; C asemeir, R assoumer, T assumer — 75 R cel t., T en tel t. — 77 C D. nes que l. — 80 CT perde — 84 T Pire ; RT Pols — 85 RT Com — 86 R Comme les tiestes et les c., T Conme les costes et les c. — 88 T Ichil dui furent dui bial c. — 93 R Romme — 94 RT cherchant (R cierkant) — 96 T ne serrant — 97 T bien mq. — 98 R Dieu gaagnier — 99 T utre la mer — 101 RT chis — 103 RT g. issi — 105 R trop g. — 106 R Plus que nus ne p. ; T descire — 108 R par t. b. dire — 113 C la poingne — 115 R qu’en la — 116 R Peuïst ; T P. nus hons parvenir — 117 R tout li m. — 119 T p. bouter e. — 120 RT de D. ; T fuir — 121 R Sires — 122 R je le las — 123 RT des grans c. — 124 T d. ces grans p. — 125 R Qui — 127 R C. tens — 128 T Ki — 130 C ces rentes ; RT Sa honte qu’il en ont la r. (T car ilh on la r.) — 133 RT Le siecle ont trop — 134 RT celle s. — 135 R le v. — 137 RT Laissiés — 138 RT Se prendés (T Si preneis) — 140 R Vaut m. ; RT sen c. (T son) — 142 C Li pres n’est pas, T Ses pros (abrégé) n’est pas a en aesmance — 146 C r. el roiaume que nos — 149 T Ki en c. se l. pener — 151 RT avons — 152 RT Quar (T Car) — RT intervertissent les strophes XX et XXI — 153 RT v. avoec mes — 156 T Car g. f. p. — 157 RT D. au s. —159 RT Se decha vient mar — 160 RT M. de la ne le quier toukier (T tochier) — 163 C Je cuiche t. et tien g. ; R dorc — 164 RT Se t. — 165 R Piere de Romme, T Pire — 166 RT me vient m. — 168 R clamour — 169 RT b. tous jours a v. — 170 R se viveras, T se tu viveras — 171 T q. lune — 172 RT v. est c. — 174 RT Cuers fallis est d’un p. — 175 RT Hui ou demain ne serons mie (T ne sera) — 176 RT Uns hom est tantos trespassés — 177 T L. toi d. — 178 RT Elle t’avra erraument pris (T tot errant) — 181 T t’a f. ; RT f. d’un p. — 183 T p. de t. — 184 T Por ; ot — 187 R Sages larghes, T Et sage et large ; RT de biel a. — 188 R J’ai b. — 190 R pour le cors t., T por leur retenue — 191 T ne croi — 194 C F. cet s. — 196 RT ki ne voient g. — C intervertit les groupes 197-198 et 199-200 — 197 T f. ke s. — 198 RT c. qui nete ; T se sorgote — 199 RT mers — 200 RT Que bien est drois k’on — 201 R r. point — 203 RT la mort — 205 R qu’a t., T n. a t. — 206 RT se t’avient — 207 RT t’amort — 208 T ki ; R li tiens, T li riens — 211R lit — 212 R Boins ; T B. fu — 213 T retorner ; R n’i p. — 214 R m. ke p. — 215 C Lors avec s exponctué ; RT proecche — 216 R S’il lor mesciet — 217 T se motable — 218 RT Quidiés dou fu d’infier la f. — 219 RT Acroire et toudis m. en t. (T et tot m.) — 220 RT de ta ch. — 221 T Amor mechant c. ; R qu’ mq. — 225 RT B. chevaliers ; R quoi ke, T quenque — 228 R ne mq. — 230 R J’offre tout cuer et cors a Dé — 235 RT s. saint sanc precieux (T s. sens s.) — 236 RT N. gieta (T geta) — R Explicit dou croisiet et dou descroisiet, T explicit mq. |
[1] demandoie, « désirais voir » (sens analogue dans le T.-L., II, 1360, 46 ss.).
[2] Peut-être eût-il mieux valu conserver la leçon seivent (C, T), malgré la non-concordance des temps.
[3] 23-24. Proverbe : « Teus cuide faire compaingnie qui la depiece (var. qui la depart) », Morawski, n° 2345.
[4] 29-32. C’est-à-dire que leur conversation légère tourna à un débat sérieux.
[5] 37-38. « Qui ne méprise pas la croix et cependant ne veut pas (sans cependant vouloir) la prendre. »
[6] par sa maitrize, « en cédant à l’autorité du croisé ».
[7] ses sans, « l’habileté persuasive du croisé », ou bien « la faculté de comprendre du décroisé ».
[8] 43-46. Pouvoir par la raison distinguer le bien du mal, motif de responsabilité. Cf. AQ 26-28 et 31-34.
[9] 53-56. La phrase est peut-être à prendre plutôt comme une interrogative.
[10] Doingne au coc., Expression analogue (geter au coc), Marques de Rome (T.-L., II, 510, 39).
[11] pailliole. La leçon parole de C est évidemment fautive. Nous avons adopté la leçon paillole de R (exactement pailloile) comme étant graphiquement la plus proche de C. Raison peut-être insuffisante ; car T donne pignole, « lectio difficilior », recommandable à ce titre, et qui s’autorise d’un document d’archives de 1414 cité par Godefroy (VI, 156 c) : « A ! Jehan du Bourc, tu me leisses en la pignole ! ». Or c’est le mot chien qui a pu amener dans R la leçon plus facile de pailloile. Avec la leçon pignole, l’antécédent est enfans : sens beaucoup plus satisfaisant, car ce qui est à considérer, c’est de laisser des enfants, et non pas des chiens.
[12] Proverbe : « Qui tient, si tiegne » (Morawski, n° 2161). Cf. Gautier de Coinci, Miracles, p. p. A. Långfors, p. 221, v. 400 ; — Droiz au clers de Vaudoi (Jubinal, Nouveau recueil, t. II, p. 146) : Ainz tiegne bien ce que il tient » ; — Miroir du Monde, p. 154 : « Ce que tu as, tien le bien » ; etc.
[13] 67-68. « Que je donne une terre rapportant cent sous, en n’en demandant que quarante. »
[14] pou i veigne, « qu’il évite de se présenter ! ».
[15] 76-80. « Te voilà maintenant bien vêtu. [Or, en ton ingratitude,] que fais-tu de Dieu, qui rend les mérites au centuple ? Celui-là sera justement considéré comme un malheureux qui, [n’ayant pas su mériter,] fera une si vilaine perte [celle du centuple], » — Pour l’expression Qu’est Dieus ? (réitérée ici sous la forme ne qu’est lors devenuz), voir AT 1910, où elle est glosée comme signifiant qu’il faut avoir la crainte de Dieu et ne pas manquer à son service.
[16] or, « maintenant », parce qu’il suffit d’aller à la croisade.
[17] 83-88. Cf. F 53-60 et note.
[18] faire deus biaux coux, « faire deux beaux exploits » (?) Expression toute faite ; cf. Raoul de Houdenc, Songe d’enfer, v. 125 : « Jamés Doners chiés nul haut homme Ne fera deus biaus cops ensemble. »
[19] 113-116. Cf. F 61-64 et note. Le même texte de saint Paul est ici sous-jacent.
[20] deslas, « que je me dégage » (que je n’accepte pas pour moi une leçon qui s’adresserait mieux à ceux qui vivent de l’Église, v. 123-136).
[21] 125-126. Qui ont à la fois la récompense du ciel et les avantages du siècle.
[22] Le texte reproduit celui de R, acceptable en lui-même. Toutefois la leçon Li pres de C (= « le prêt », cf. v. 141 presteir), appuyée en partie par le Ses pros (abrégé) de T, peut être la bonne ; elle implique que T donne authentiquement aesmance (a en aesmance, où le premier a est à supprimer). Le sens, excellent, serait alors, avec deux points après presteir au v. 141 : « Le prêt (fait ainsi par le roi) est inestimable. »
[23] La leçon des mss. R et T, reproduite dans le texte, est acceptable : noter cependant que l’accord de R et de T, vu la parenté de ces deux mss., n’est pas très significative, et que vraiement a l’aspect d’une cheville — La leçon. de C (si nos = nous) est bonne pour le sens, mais fait difficulté pour la rime. Tauno F. Mustanoja (éd. des Neuf joies Nostre Dame, pp. 15-16) a supposé que nos (le tilde ayant été omis par le scribe) pourrait être pris pour nons, « variante dialectale de nous » : ce qui n’est guère probable selon l’usage de Rutebeuf. Même raison pour ne pas croire à un nons = nuns. Mieux vaudrait corriger nos en non. La possibilité de la rime avec les verbes à l’indicatif pr. 4 de la même strophe est garantie par l’usage de Rutebeuf (voir table des rimes : -ons, terminaison verbale, rime en quatre passages avec -on terminaison de substantif, et une fois seulement avec -ons). De plus, ici, que non fournit une rime meilleure que n’avons avec tenons, penons et menons. Le sens serait alors : « Le roi a mieux (plus d’intérêt) à rester que de ne pas rester ». L’emploi elliptique de non est bien connu.
[24] 153-168. L’ordre des strophes XX et XXI est meilleur dans les mss. R, T (demour, v. 166, répondant au demoreir du v. 145, et desai, v. 169, au desa du v. 159).
[25] Il s’agit de ce qui pourrait être conquis sur l’ennemi, mais au prix de grands périls.
[26] a un pris, « au même prix », « également ».
[27] Cf. U 80 et note.
[28] 185-192. Cf. Roman de Renart, branche I, v. 1407 : « Quar tuit [les croisés] ceste custume tenent : qui bon i vont, mal en revenent » ; Morawski, n° 513 : « De lonc pelerinage, de grant enfermeté voit on pou de gens amender. »
[29] 197-198. Sans doute allusion à la sécheresse des pays d’Orient.
[30] la mort, leçon des mss. R, T, n’a pas de sens dans le contexte ; au contraire, la mers, leçon de C, se justifie par référence du vers à ce que le décroisé vient de dire aux v. 199-200 (l’s flexionnel ne fait pas difficulté : cf. Rose, v. 10634). Quant au verbe final (ta mort dans C, T), il faut sans doute l’entendre comme t’amort, « te saisit, te retient ».
[31] « sans savoir quand le moment en arrive (arrivera) ».
[32] Cf. W 31 et 32 et notes.
[33] 225-232. Cette capitulation soudaine, à la fin d’un débat, est le faible du genre (ex. Marguet convertie).