|
Œuvres complètes de Rutebeuf, trouvère du XIIIe siècle, recueillies et mises au jour pour la première |
|
fois par Achille Jubinal, Nouvelle édition revue et corrigée, A. Jubinal, 1874 : Paris, Paul Daffis, vol. 2, pp. 6-7. |
|
|
|
Ci encoumence |
|
Li Diz des Ribaux de Greive. |
|
Ms. 7633. |
|
|
1 |
Ribaut, or eſtes vos à point : |
2 |
Li aubre deſpoillent lor branches |
3 |
Et vos n’aveiz de robe point ; |
4 |
Si en aureiz froit à vos hanches, |
5 |
Queil vos fuſſent or li porpoint |
6 |
Et li ſeurquot forrei à manches. |
7 |
Vos aleiz en eſtai ſi joint, |
8 |
Et en yver aleiz ſi cranche, |
9 |
Voſtre ſoleir n’ont meſtier d’oint, |
10 |
Vos faites de vos talons planghes. |
11 |
Les noires mouches vos ont point, |
12 |
Or vos repoinderont les blanches[1]. |
|
|
|
Explicit. |
[1] Le sens de cette pièce étant assez difficile à comprendre,
je crois devoir en donner ici une traduction : « Ribauds, vous êtes maintenant à point. Les arbres dépouillent leurs branches et vous n'avez point
de robe : vous en aurez froid à vos hanches, quels que soient vos pourpoints et vos surcots fourrés à manches. Vos souliers n'ont pas besoin d'être graissés,
vos talons vous servent de semelles. Si les mouches noires vous ont piqués, bientôt ce sera le tour des blanches. » — Par les noires mouches, je
crois qu'il faut entendre : les puces, qui viennent surtout durant l'été, et par les blanches.... un autre genre de vermine. Hors de ces deux
sens, assez peu nobles, j'en conviens, je ne vois pas ce que pourraient signifier les deux derniers vers du Diz des Ribaux de Greive, non plus
que ceux sur le même sujet qui se trouvent dans la pièce intitulée : De la Griesche d'yver.